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La science et ses paradoxes

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La science, c’est aussi ça…

Ce que j’aime de la science, c’est que rien n’est jamais coulé dans le béton. Des études, des modèles informatiques, des théories apportent des réponses satisfaisantes à de multitudes de questions. Ces réponses demeurent vraies jusqu’à ce qu’une autre étude, une observation ou une hypothèse vienne chambouler les idées jusque-là bien établies.

Cette illustration montre l'étendue de la calotte glaciaire en Arctique en date du 20 août 2012. La ligne orange présente la superficie moyenne enregistrée de 1979 à 2000.

L’étendue de la calotte glaciaire en Arctique le 20 août 2012.
La ligne orange présente la superficie moyenne enregistrée de 1979 à 2000.

Prenons le cas des glaciers de notre planète. Avec les températures qui augmentent, c’est normal, ça fond. Et on le voit avec la glace en Arctique : elle diminue à une vitesse grand V depuis quelques décennies. Mais… une nouvelle sortie tout récemment dans le magazine scientifique Nature Geoscience nous annonce quelque chose qui est assez surprenant. Pendant que ça fond au pôle Nord, pour la même période, au pôle Sud, la glace de mer a augmenté. Bizarre, bizarre… D’après les scientifiques cités dans cette étude, ce serait le réchauffement de l’océan qui en serait responsable.

Glaciers

Glaciers

Un peu contradictoire
Même Richard Bintanja, chercheur climatologue au Royal Netherlands Meteorological Institute à Utrecht appelle ça un paradoxe. Ses collègues et lui ont démontré que la fonte des glaciers antarctiques, qui correspond à une perte d’environ 250 gigatonnes par année, est probablement le principal facteur responsable de… l’expansion de la glace de mer dans cette région. On s’entend : l’augmentation est faible, mais elle est quand même importante.

Dans ce milieu scientifique, il est connu depuis plusieurs années que lorsque les calottes glacières fondent, cette eau de fonte forme une couche fraîche sur la surface de l’océan. Cette couche protège, en quelque sorte, la glace de mer, des eaux plus chaudes qui se situent sous elle. Mais jusqu’à maintenant, rien ne prouvait que se trouve là, la raison de l’augmentation de la quantité de glace en Antarctique.

Voici en quoi consistait leur étude. Ils ont analysé les observations de salinité et de température de l’océan enregistrées par les satellites et les bouées de 1985 à 2010. Ils ont ensuite comparé les changements dans ces données avec les résultats apportés par un modèle climatique qui simule ce qui se passerait dans l’océan si le taux de perte des calottes glacières antarctiques correspondait annuellement à 250 gigatonnes d’eau de fonte. Dans ce modèle, on fait l’hypothèse que l’eau de fonte forme une couche d’eau fraîche qui facilite l’expansion de la glace de mer. C’est ce qui a amené les chercheurs à conclure à ce paradoxe du réchauffement responsable de l’augmentation de la glace.

La fonte de l'Antarctique de l'Ouest est plus rapide que l'on croyait

La fonte de l’Antarctique de l’Ouest

Une bataille de théories
Évidemment, cette conclusion étant assez controversée, d’autres scientifiques y vont de leurs théories pour expliquer la hausse de la formation de la glace au pôle Sud.

Il y a celle avancée par Paul Holland, chercheur océanique du British Antarctic Survey à Cambridge. Il croit au mécanisme proposé, mais, selon lui, cette étude ne démontre pas que l’augmentation de la fonte ait apporté une contribution majeure à l’augmentation de la couverture de glace. Il pense plutôt que ce sont les vents régionaux qui en sont la cause pour deux raisons : ils déplacent physiquement la glace et ils réchauffent ou refroidissent la surface de la mer.

Pour en venir à cette conclusion, Holland et Ron Kwok, un collègue de la NASA Jet Propulsion Laboratory en Californie, se sont fiés aux données satellitaires qui montrent le déplacement de la glace entre 1992 et 2010. Ils ont constaté que dans certaines régions de l’Antarctique comme la mer de Weddell, les changements de la glace sont presque entièrement causés par la force de déplacement du vent. Par contre, pour d’autres régions, comme la mer de King Håkon, la modification résulte des deux effets provoqués par le vent, soit la force et la température.

carte Antarctique

carte Antarctique

Une partie de ping-pong entre scientifiques
La réponse de Richard Bintanja est la suivante. Il croit que les effets du vent sont importants localement, mais que l’eau de fonte influence l’augmentation de la glace de mer sur de plus grandes régions. Ce à quoi réplique Paul Holland. Il assume que la fonte de la glace n’est pas uniforme sur le territoire antarctique, mais qu’elle est concentrée sur certaines zones. D’après lui, les responsables de l’augmentation de la glace au pôle Sud pourraient être le vent… et l’eau de fonte! Mais ça reste encore à être prouvé.

Comme on le voit, avec la science, rien n’est jamais finalisé. D’ailleurs, j’en veux pour preuve le sujet dont je parle dans ma chronique radio cette semaine.

À la chronique radio cette semaine

Avec Jean-François Coulombe, l’animateur de L’heure de pointe à Radio-Canada, Saguenay, le 4 juillet 2013, je décris le pas de deux entre l’océan et l’atmosphère qui s’opère dans le Pacifique, tout en rappelant les phénomènes El Niño et La Niña. Le but de revenir sur ces phénomènes est d’expliquer une nouvelle étude qui vient chambouler ce qu’on sait depuis des années sur une potentielle corrélation entre le réchauffement climatique et ces phénomènes du Pacifique.
À écouter pour être stupéfait!


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